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Actualité des sapeurs-pompiers

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Gothard (UR) : La mort frappe à nouveau sur la route du Gothard

Proposé par : admin Le 01/06/2006 à 10:27

118 ExpressUn éboulement spectaculaire a tué deux personnes et provoqué un gigantesque chaos routier, hier, sur  la route du Gothard. Le 24 octobre 2001, une erreur humaine avait causé la mort de onze personnes dans le tunnel du Gothard.


Sur la même autoroute, 11 km plus au nord, c'est la nature qui a frappé hier à 6 h 45. Un éboulement a tué deux personnes. Une heure plus tard, la Suisse n'aurait probablement pas échappé à un nouveau carnage.

Mercredi, midi. Les pompiers uranais se battent contre la carcasse d'une coccinelle immatriculée en Allemagne. Ils tentent d'en extirper deux cadavres. Des roches d'environ 10 mètres cubes ont écrasé cette voiture. Un cabriolet.

Amas de tôle broyée

«L'auto n'a pas été frappée seulement par la pierre que l'on voit sur son flanc gauche, côté conducteur. Une autre l'a heurtée à proximité du réservoir d'essence, avant de terminer sa trajectoire dans la falaise, juste au-dessus du village de Gurtnellen. Ce second choc a dû être suivi d'une explosion et le véhicule s'est tout de suite enflammé», nous explique Franz Exer, vice-commandant du corps de pompiers affecté au tunnel du Saint-Gothard. Il ne reste quasiment rien de la voiture. Une chaussure, un livre fument encore dans l'amas de tôle broyée, calcinée.

L'officier semble encore douter. Il reprend à voix basse: «Lors de notre intervention, les deux victimes portaient encore leur ceinture de sécurité. Elles ont donc dû périr sous la roche et échapper au supplice du feu.»

Autour de l'épave, sur le seuil de la galerie du Güetli, le paysage est proprement sidérant. Brisée, la chaussée laisse apparaître une profonde faille s'étendant sur toute sa largeur. La glissière de sécurité est arrachée sur une centaine de mètres. Toutes les heures, la montagne laisse encore entendre des craquements, suivis de roulements sourds. Les pompiers prennent leurs jambes à leur cou et espèrent sortir de cette ligne de mire si difficile à situer. «Mais quand cela finira-t-il donc!», lâche nerveusement un policier.

De l'autre côté de l'autoroute, direction nord, un poids lourd est vautré sur son flanc gauche. Sa citerne est éventrée. Des tonnes de farine se répandent sur l'asphalte. Poussée par le vent, la poussière de maïs ensorcelle ce décor déjà si peu réel.

Non loin, le chargement d'un semi-remorque a aussi été malmené. Deux minibus ont été éjectés du pont supérieur. Ils sont complètement détruits. A l'arrière, ce même pont supérieur s'est effondré et a écrasé deux limousines. Prudents, incrédules, deux chauffeurs observent depuis plusieurs heures les restes de leurs machines. Sans s'approcher.

«Quelle frayeur! Quelle panique!, sanglote Bartolomeo Papa, de Caserta, près de ­Naples. Parqué sur cette aire de repos toute la nuit, je ne dormais déjà plus dans ma cabine. Tout à coup, j'ai vu deux roches énormes écraser la VW. Je suis parti en courant. Sans savoir où aller. La montagne semblait sur le point de s'écrouler.»

«J'ai été terrorisé»

Bartolomeo Papa transportait des voitures au port d'Anvers: «Elles devaient partir pour l'Afrique: Lomé, Lagos, Cotonou. Je conduis depuis vingt ans. J'ai déjà imaginé toutes sortes d'accident susceptibles de m'arriver dans mon boulot. Mais jamais, jamais quelque chose comme ce matin.»

Le traumatisme de son confrère Claudio Barbieri, de Castelmacca, près de Milan, ne paraît pas moindre: «Je me suis réveillé en sentant mon camion basculer. J'ai d'abord pensé à une collision. Mais en voyant la réalité, j'ai été terrorisé.»

Tout le canton d'Uri semble partager cette frayeur. Combien de personnes auraient péri sous les roches, un peu plus tard, lorsque le trafic est plus dense? Quel massacre se serait produit si la montagne avait craqué à la Pentecôte? Ces questions prennent encore plus de sens en se souvenant d'un précédent éboulement, survenu presqu'au même endroit le 21 mars 2005. Une voiture et un camion avaient été endommagés.

Après leurs observations en hélicoptère, les géologues se montrent toutefois optimistes. La circulation sur l'autoroute A2 devrait redevenir normale dès demain à midi.

Perturbations

Selon la police, l'autoroute A2 devrait rester fermée dans les deux sens jusqu'à demain après-midi. Mais il n'est pas exclu que l'axe du Saint-Gothard demeure bloqué plus longtemps, ce qui pourrait provoquer de grosses perturbations dans le trafic durant le week-end de Pentecôte.

Le col du Saint-Gothard n'offrant aucune échappatoire, l'éboulement ayant aussi bloqué la route cantonale, les poids lourds en transit ont été bloqués dans l'Unterland uranais pour le trafic vers le sud et à Chiasso pour le trafic vers le nord. La voie de chemin de fer n'ayant pas été touchée, la chaussée roulante continue à prendre en charge les poids lourds entre Bâle et Chiasso.

Le TCS et la police recommandent d'emprunter l'axe du San Bernardino (A13), en dépit de travaux en cours. Les routes alpestres sont difficilement praticables ou fermées en raison du retour de la neige. Pour la Suisse romande, il est recommandé de passer par le Simplon ou d'emprunter le tunnel du Grand-Saint-Bernard.

Source : Tribune de Genève - Par Wassen/Philippe Rodrik

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