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Genève : Spectaculaire accident de tram (suite)

Proposé par : admin Le 16/06/2006 à 18:07

118 ExpressJamais la ville n'avait connu pareille embardée de tram sur un boulevard. Trois blessés pour six heures d'intervention. Récit.


L'alerte a été donnée à 15 h 54 par deux professionnels de l'urgence qui passaient par là. Ce qu'ils découvrent à cet instant les décide à lancer la grande alarme. Un tram vient de partir en embardée dans l'un des carrefours les plus sensibles du centre-ville. Lancé à pleine vitesse dans le tout droit qui remonte le boulevard Georges-Favon en direction du pont de la Coulouvrenière, il se retrouve subitement sur la voie de service qui tourne vers la rue du stand.

Le chauffeur n'a que le temps de tirer le frein de secours, d'actionner ses sabots pneumatiques puis de prier en comptant les longues secondes d'une décélération ingouvernable. Deux chariots de roues sortent alors du rail, creusent un sillon dans le bitume et montent sur le trottoir en profitant de son abaissement à la hauteur du passage piéton, avant de finir leur course folle dans la vitrine de l'agence immobilière qui fait l'angle.

Par miracle il n'y a personne à l'endroit où cette chenille longue de 42 mètres et pesant 52 tonnes s'immobilise enfin. Les blessés sont à l'intérieur. Trois passagers, souffrant de douleurs aux cervicales et au dos sont aussitôt pris en charge par les ambulanciers et transportés à l'hôpital. Dans la foulée, secouristes et gendarmes s'occupent du conducteur, terriblement choqué dans sa cabine. L'émotion est palpable alentour, la circulation se fige, pendant que le pantographe du Bombardier, à moitié arraché, reste suspendu dans la ligne aérienne comme une arbalète.

D'importants moyens sont dépêchés sur place. Plusieurs patrouilles de police bloquent et sécurisent le boulevard sur un tronçon de 500 mètres. Neuf véhicules du SIS prennent à leur tour position, dont la grue et le fourgon chargé d'accueillir le PC de crise.

Une salle d'opération à ciel ouvert

C'est qu'un autre blessé, autrement plus encombrant, attend les chirurgiens sur tram. Au poids et au volume, il s'avère vite indélogeable. Au coût aussi: on ne soulève pas comme ça dans les airs une rame interminable, valant 5 millions prix catalogue. Il est 17 h et le carrefour se transforme en salle d'opération à ciel ouvert.

La question à résoudre est à la fois simple et d'une complexité inédite: comment réenrailler le monstre, en évitant qu'il ne «s'encrabe» et ne se retrouve dans une posture plus délicate encore. Des hommes couchés au sol l'auscultent sous toutes ses coutures, pendant que les experts de l'Office fédéral des transports le survolent dans la nacelle des pompiers. Décision est finalement prise à 18 h de l'arrimer à un camion de remorquage, en veillant à réaligner chacun de ses tronçons.

Mis sous scellés

L'opération prendra beaucoup de temps. A 20 h seulement, la tête du Bombardier redescend de son trottoir, mais la nuit est tombée quand les roues fugueuses réintègrent la gorge du rail. A la lumière des puissants projecteurs, l'énorme chenille reprend alors sa position initiale, sous les applaudissements pour le coup mérités d'une foule qui n'a pas désempli depuis le milieu de l'après-midi. A l'heure où nous mettons sous presse, le travail est loin d'être terminé et pas une voiture ne roule sur le boulevard Georges-Favon.

Des employés de la Voirie s'activent sur le site, remplissant au goudron froid l'impressionnante saignée laissée par le tram. Qui rejoint, sous escorte policière, le Bachet où il est mis sous scellés.

«Le tram fonçait droit sur elle»

Linda, vendeuse chez Mode et Beauté, bd Georges-Favon: «Vers quatre heures moins le quart, j'ai décidé de sortir pour fumer une cigarette. J'étais devant la boutique depuis quelques minutes quand j'ai vu le tram arriver. Il était juste devant moi. Vu l'allure à laquelle il allait, il semblait vouloir aller tout droit, mais il a bifurqué sur la droite. Et au lieu de continuer sur sa lancée, il est sorti des rails. Au même moment, une jeune femme traversait la route avec une poussette et son petit garçon. J'ai lâché ma cigarette tellement j'ai eu peur. Elle a vu le tram foncer dans sa direction, et elle a fait quelques pas en arrière en tirant son fils pour être en sécurité. Le tram a percuté un poteau, faisant un bruit énorme. Il a continué sa lancée sur le trottoir d'en face, avec un bruit de crissement incroyable.»

M. Châtelain, fleuriste, bd Georges-Favon: «Je travaillais dans mon bureau, et j'ai entendu un bruit énorme. On aurait dit un camion déchargeant des palettes. J'ai couru à ma fenêtre. Le tram était sur le trottoir, contre la vitrine du magasin en face. Il a renversé un poteau.»

Les causes du déraillement

Que s'est-il réellement passé hier pour provoquer ce qui restera l'un des plus spectaculaires accidents sur le réseau TPG? L'enquête le dira. Elle devra remonter à ce qui semble être au départ une erreur de parcours. Elle aurait été commise à la place Bel-Air déjà, entraînant pour le wattman une course contre la montre et des choix d'itinéraire qu'il s'agira d'expliquer.

Toujours est-il que le tram se présente au bas du boulevard Georges-Favon, alors qu'il aurait dû normalement rejoindre la gare Cornavin par le quai de la Poste. Le conducteur aborde l'aiguille de croisement de la rue du Stand à pleine vitesse, pensant que son engin continuera tout droit. Malheureusement, pour une raison indéterminée - peut-être une panne de la signalisation lumineuse - , l'aiguillage est orienté vers la droite.

Le Bombardier se trouve alors malgré lui engagé dans une courbe extrêmement serrée qui se négocie en temps normal à petite vitesse. Mais rien dans cette sortie de rail ne semble s'être déroulé selon le manuel. Le chapitre que s'apprêtent à écrire les enquêteurs promet d'être lui aussi très long.

Un précédent en 1947 à Hermance

En 1947, aux aurores, une grosse «91» à plateforme centrale brûla le terminus, roula sur une soixantaine de mètres sur la place du village d'Hermance avant de terminer sa course dans la façade d'une petite maison de deux étages. « Mlle Lucie Mitterer était au lit lorsqu'elle vit entrer le tram dans sa chambre à coucher et s'arrêter à proximité de son lit», précisait à l'époque la Tribune de Genève. Le wattman fut commotionné mais le receveur et le surnuméraire s'en tirèrent sans mal. De nombreux curieux envahirent le village pour assister au déblaiement des décombres.

Source : Tribune de Genève - Par Thierry Mertenat

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